NOUVELLES DE MONTMARTRE
Des résidants s’opposent à l’abattage d’arbres jugés dangereux à la Cité des artistes
Au cœur du vieux Montmartre, dans un jardin grillagé de plus de 6 000 mètres carrés, fermé au public, des tilleuls et des robiniers poussent en bataille et caressent de leur ombre la rue Norvins. La Cité des artistes, jadis fréquentée par Gérard de Nerval, Toulouse-Lautrec, Renoir et Modigliani, a gardé sa sérénité d’antan. Pourtant, hier matin, des résidants regroupés au sein d’un comité de sauvegarde de la Cité des artistes étaient en discussion avec des agents du service de l’arbre de la municipalité, propriétaire du lieu. Le comité dénonce l’abattage imminent de cinq arbres qui sera, selon lui, suivi d’une vingtaine d’autres. Pour le personnel de la Ville de Paris, ces arbres, malades, menacent de s’effondrer “d’ici à deux ou trois ans” et seront tous remplacés.
Un square verra le jour
Mais certains riverains le voient d’un autre œil. “Ils en ont déjà abattu quatre en 2008 sans concertation, dénonce Alain Letoct, membre du comité et artiste locataire de la Cité. La Ville va réaliser ici un square de 600 mètres carrés ouvert au public. Est-ce nécessaire, alors qu’il y en a déjà deux à proximité, Suzanne-Buisson et Constantin-Pecqueur ?” Si le comité se dit “favorable” à l’ouverture du site en l’état, comme c’était le cas avant 1999, il redoute une atteinte à l’authenticité du lieu, “l’un des rares sites encore sauvages à Montmartre”. “Il ne peut pas être ouvert sans aménagement, répond Sylvain Garel, coprésident du groupe Verts au Conseil de Paris et élu du XVIIIe. Une partie des résidants sont d’accord avec ce projet. Mais d’autres, en réalité, ne veulent pas que le jardin soit ouvert au public.”
Cette polémique abrite une inquiétude plus profonde qui concerne les projets à long terme de la Ville pour la Cité des artistes. Outre le futur square, elle abrite un spacieux jardin et plusieurs bâtiments classés, soit une trentaine d’ateliers-logements pour les artistes et des loyers très modérés, dont les baux vont arriver à échéance. Ces ateliers, aujourd’hui gérés par une fondation, la Cité internationale des arts, devraient repasser d’ici quelques années sous le contrôle direct de la Ville. “Il faudra une réflexion sur l’avenir de la Cité, reconnaît Sylvain Garel. Je pense que ce lieu doit rester largement dédié aux artistes. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas question de le vendre