LA VIE DES QUARTIERS DU 18EME

Publié le par LEPIC ABBESSES

Salut Barbès ! La Goutte d’Or vue de l’intérieur

13 novembre 2008 par Philippe Bordier

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Au fil de portraits de ses habitants et des enfants d’une école maternelle, l’exposition de photos Salut Barbès, présentée à la mairie du 18e arrondissement jusqu’au 20 novembre 2008, raconte l’histoire de la Goutte d’Or, un quartier cosmopolite et en pleine mutation. Un travail réalisé par le photographe et cinéaste Bruno Lemesle, observateur privilégié de ce coin de Paris.

 
Portrait en djellabah, 1988, rue des Poissonniers.

Salut Barbès raconte une page d’histoire du quartier de la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement de Paris. L’exposition, réalisée par le photographe et cinéaste Bruno Lemesle, présente une cinquantaine de clichés : la moitié d’entre eux est consacrée aux élèves de l’école maternelle de la rue Richomme, avec lesquels le photographe a travaillé l’univers de la photo, du reportage au recadrage ; l’autre moitié, en noir et blanc, réalisés voilà une dizaine d’années, est le fruit des balades de Bruno Lemesles dans un quartier qu’il connaît comme sa poche puisqu’il y vit depuis 1981 (ces dernières images appartenaient déjà à une première version de l’exposition Salut Barbès, réalisée en 1997).

 
2005 : dans la cour de l’école maternelle de la rue Richomme.

« L’école est représentative d’un quartier cosmopolite, raconte Bruno Lemesle. La Goutte d’Or est réputée difficile, mais il faut aussi savoir capter les instants de bonheur de la vie quotidienne de ses habitants. » Le photographe a aussi réalisé plusieurs films sur le quartier. Il prépare actuellement un documentaire constitué de ses propres images d’archives et de prises de vue récentes. «  Bien sûr, la Goutte d’Or a changé en vingt ans, explique-t-il. Mais je m’aperçois que les questions de fond, logement, sans papiers, emploi, insalubrité, sont toujours là. Et ce sont toujours les mêmes qui les subissent. »









Vidéosurveillance
dans le 18e : qu’en dit la rue ?

15 novembre 2008 par Philippe Bordier

1226 caméras vidéos seront installées dans les rues de Paris fin 2010. La Préfecture de police, maître d’œuvre du projet, prévoit d’en implanter 93 dans le 18e arrondissement, dont une vingtaine dans le quartier de la Goutte d’Or. Si les élus du 18e attendent des précisions avant de se prononcer définitivement sur ce plan, les habitants du quartier apprennent la nouvelle avec circonspection.

 
©Pascal Vitte (cliquez sur le dessin pour l’agrandir).

Fin 2010, la Préfecture de police va installer 1226 caméras dans les rues de Paris. Le 18e est gâté : 93 appareils de vidéosurveillance seront implantés dans ses rues, dont une vingtaine dans le quartier de la Goutte d’Or. Ce programme baptisé Plan de videoprotection par la Préfecture de police a été présenté au Conseil de Paris, fin octobre 2008. Mais personne n’a rien demandé aux habitants, qui peuvent d’ores et déjà se préparer à vivre tous les jours sous l’œil des caméras.

Dans les rues étroites de la Goutte d’Or, les badauds croisés dans la rue ou aux comptoirs des cafés n’émettent pas d’avis tranchés, mais s’interrogent. Brahim, croisé rue Doudeauville, fronce les sourcils. « Vingt caméras dans le quartier, c’est beaucoup et peu à la fois, calcule ce serveur dans un bar du coin. Le business se développera à l’abri des caméras. Les trafiquants ne sont pas fous. Ils iront sous les porches, voire dans les bars, accomplir leurs méfaits. Finalement, par ricochet, les honnêtes gens seront eux aussi pénalisés. »

 
« Bien sûr qu’il faut combattre la délinquance, mais rien ne prouve que des caméras soient efficaces. »

Rue Dejan, Michelle pose ses sacs de victuailles à l’abri du mauvais crachin qui nimbe le marché. « Je ferai bientôt mes courses sous l’œil des caméras, rigole-t-elle. Si cela peut intéresser des gens… Bien sûr qu’il faut combattre la délinquance. Mais rien ne prouve que ce soit efficace. Les vendeurs à la sauvette devraient être identifiés depuis le temps qu’ils travaillent dans le quartier. Ce sont toujours les mêmes. »

Brahim partage son point de vue. « Les trafiquants opèrent à cinquante mètres des véhicules de police. Tout le monde détourne le regard. Les caméras ne vont pas les arrêter, tout de même ! La vidéo dans les rues, c’est juste pour surveiller. Mais je ne sais pas quoi, au juste. » Plus loin, Diabé n’est pas d’accord : « Les caméras dans les rues sont utiles si elles filment vraiment les gars qui trafiquent dans le quartier. Mais, c’est vrai que savoir que l’on vous regarde toujours, ce n’est pas très agréable. »

 
Sur Paris, le plan vidéos coûtera près de 80 millions d’euros.

« Les caméras auront sans doute un effet dissuasif dans un premier temps, estime Ben, derrière le comptoir de son bar, Au gamin de Paris. Et, dans certains cas, des auteurs de violences seront identifiés. Sur le long terme, en revanche, je doute. Quand les caméras seront repérées, les voyous iront ailleurs. Et que fera-t-on des films enregistrés ? »

À la mairie du 18e arrondissement, les élus rappellent d’abord qu’ils n’ont pas été associés, et encore moins consultés, à l’élaboration du plan vidéo concocté par la Préfecture de police. « Pour nous prononcer, nous avons besoin d’éléments complémentaires, explique Myriam El Khomri, adjointe au maire de Paris et élu du 18e, chargée de la prévention et de la tranquillité publique. Nous allons organiser, en décembre 2008, une réunion entre l’ensemble des élus et la préfecture. Pour ma part, je n’ai rien contre des caméras qui permettraient d’assurer la sécurité routière. Mais s’il s’agit de surveiller l’entrée d’une structure d’accueil de toxicomanes, c’est non. »

Daniel Vaillant, le maire, attend aussi de lire la charte éthique que la Préfecture de police est censée élaborée. « Si ces caméras concourent réellement à la sécurité des citoyens dans le respect des lois et des principes défendus par la Commission nationale informatique et liberté (CNIL), pourquoi pas, a souligné Daniel Vaillant au cours du conseil d’arrondissement du mois d’octobre 2008. Le 18e arrondissement peut aussi être à la pointe de la lutte contre l’insécurité. » Sur l’ensemble de Paris, ce projet pourrait coûter près de 80 millions d’euros.


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